Le gouvernement s'en prend à PSA avant de recevoir son patron :

Publié le par UNSA

Le ministre français Arnaud Montebourg a violemment mis en cause la stratégie du constructeur automobile PSA Peugeot Citroën, dont il reçoit le numéro un mercredi soir, et a averti que les mesures d'aides prévues pour la filière ne se feront pas sans contrepartie.

"Nous avons un vrai problème sur la stratégie de Peugeot, l'alliance avec General Motors, le comportement de l'actionnaire", a déclaré sur France Inter le ministre du Redressement productif, qui a reçu à 18H30 (16H30 GMT) à Bercy Philippe Varin, le président du directoire de PSA.

M. Montebourg, qui se qualifie de "fanatique de la Peugeot", a aussi évoqué le cas du principal actionnaire du groupe, la famille Peugeot, qu'il souhaite rencontrer. "Je veux savoir ce qu'il veut faire" dans ce groupe qui est un "symbole national".

Un de ses principaux représentant, Thierry Peugeot, rencontrera le ministre le 26 juillet.

Mais la famille n'a pas attendu ce rendez-vous pour se défendre. "Elle a toujours donné la priorité au développement du groupe et à sa stratégie, n'hésitant pas à diluer sa participation quand la situation le requérait", selon un communiqué.

Le président du conseil de surveillance de PSA, Thierry Peugeot, et le président du directoire, Philippe Varin le 2 juin 2012 à Paris

La famille "s'est toujours efforcée de suivre les opérations financières destinées à soutenir la stratégie" et "a systématiquement renoncé au versement de dividendes", ajoute-t-elle.

Le premier constructeur automobile français, contrairement à son concurrent national Renault, dont l'Etat est actionnaire, a maintenu ces dernières années une plus grande partie de sa production en France et plus largement en Europe.

Cette stratégie se retourne aujourd'hui contre lui, à l'heure où les immatriculations en Europe du Sud et en France chutent. Face à ces difficultés, le groupe, longtemps réticent à une alliance, a fini par s'adosser au géant américain avec qui il produira des véhicules à partir de 2016.

En attendant, PSA a annoncé la suppression de 8.000 postes en France et la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois, près de Paris, pour réduire ses capacités, position que le gouvernement socialiste juge inacceptable en l'état.

"Où va PSA ?"

"Où va PSA ? Où veulent-ils nous emmener ? Je vous rappelle qu'il y a trois ans, en 2009, 1.700 salariés à Rennes ont déjà perdu leur emploi. Si c'est pour recommencer dans trois ans, nous dirons non", a déclaré M. Montebourg, qui n'a pas une "confiance extraordinaire" en la direction.

Le ministre a répété attendre les conclusions de l'expert gouvernemental, Emmanuel Sartorius, chargé de faire un point sur la santé de l'entreprise. M. Sartorius doit rendre ses conclusions provisoires le 31 juillet.

Pour M. Montebourg, il y a eu "des dissimulations" de la part de la direction de PSA sur la santé de l'entreprise. Il en veut pour preuve le fait que le groupe a versé l'an dernier 250 millions d'euros de dividendes au titre de l'exercice 2010, après deux ans d'interruption, alors que dans le même temps il projetait déjà de fermer le site d'Aulnay, à en croire la CGT. Aucun dividende n'a été versé cette année.

Les représentants des syndicats du premier constructeur automobile français, reçus mardi soir par M. Montebourg, espèrent aussi arriver à un diagnostic précis d'ici à la fin du mois grâce à cette expertise.

Ils devraient déjà en savoir plus le 25 juillet, date de la publication des résultats semestriels du groupe. PSA, qui a vu ses ventes s'effondrer de 13% au premier semestre, a averti qu'il essuierait une perte nette semestrielle et qu'il brûle 200 millions d'euros de liquidités par mois depuis un an.

Ce jour-là, "nous allons non seulement détailler les enjeux économiques du projet de restructuration, mais aussi expliquer comment nous allons réduire nos investissements et le prix de revient des véhicules", a déclaré le directeur financier Jean-Baptiste de Chatillon, le directeur financier du groupe dans un entretien aux Echos.

Un deuxième comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire se tiendra également à la même date.

Le gouvernement présentera le même jour son plan de soutien à la filière, dont M. Montebourg a présenté les grandes lignes mercredi.

"Nous écartons la prime à la casse et nous nous dirigeons vers des formes de soutien massif vers les véhicules innovants et propres, hybrides et électriques", a-t-il ainsi expliqué. "Nous sommes très tentés d'accentuer les mesures liées au bonus malus écologique", a-t-il ajouté.

"Nous avons là un avantage compétitif et comparatif très fort en France, chez nos constructeurs français", a explique M. Montebourg. Renault a fait de l'électrique un axe majeur de son développement, tandis que PSA Peugeot Citroën privilégie l'hybride.

"Nous souhaitons pousser cet avantage donc finalement favoriser les constructeurs qui travaillent sur le territoire français", a-t-il dit.

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